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Un écho de Marie-Claire BERTHELIN, Soeur de La Retraite vivant près de Nantes

Des femmes tellement vraies

Leur histoire à chacune rencontre réellement mon histoire, dans ma terre de campagne. C’est pourquoi je vais changer les prénoms, sauf… le mien !

- Je viens te voir Marie-Claire : on ne se connaît pas, mais toutes les deux on est des femme, et j’ai appris il n’y pas longtemps que tu es une « sœur ». Dans 15 jours, mon mari va devenir diacre permanent. Ce jour-là l’évêque va me demander devant tous, dans le chœur de notre église : « Hélène, acceptez-vous que j’ordonne diacre, François, votre époux ? »

Et qu’est-ce que je vais répondre, moi ? Aux deux dernières ordinations, une a dit seulement « oui », l’autre a dit : « oui, par amour pour mon mari… » Je ne me vois pas du tout faire ces réponses-là ! Je voudrais dire quelque chose de concret, qu’on vit tous dans la famille, sans avoir attendu le diaconat de François.

  • Quoi donc ?

- Eh bien je voudrais dire que nos parents, nos grands-parents nous ont appris le SERVICE et que, chacun à notre place, les enfants, François et moi, nous sommes heureux de ce côté « social » de notre vie. Ce que déjà nous vivons dans la famille, l’ordination de mon mari va le confirmer, et l’encourager. C’est à ça que j’ai envie de dire oui. « diacre », ça veut bien dire : « serviteur » ?

Ma petite aide alors consiste dans une recherche commune avec Hélène des mots les plus ajustés possibles à ce qu’elle désirait si profondément répondre. Et ces mots, deux semaines après, elle les a prononcés fermement, au milieu des habitants du village où habite sa famille. L’évêque souriait et opinait du bonnet (c’est le cas de le dire !)…

Après 25 années vécues en Rhône-Alpes et tant de joies montagnardes, il m’avait été dur, en 2003, de m’acclimater aux pays « plat » et totalement inconnu de la Loire atlantique. J’avais été sauvée, dès la première année, par une demande : animer un week-end proposé aux diacres et à leurs épouses du « Grand Ouest » (5 départements). 80 personnes… Certains couples terminaient leur formation de quatre ans, et les maris me disaient : « nous, on est des « cheminants », tandis que les autres, déjà ordonnés, ajoutaient : « On espère ne pas être pour autant des « ruminants ! »… Ces hommes et ces femmes pleins de vie m’avaient surprise et réconfortée par leur engagement dans une vie ordinaire, et leur fraternité joyeuse entre eux.

Hélène est revenue me voir, après la fête de l’ordination. Elle amenait Christiane, plus ancienne dans l’expérience d’épouse de diacre. Puis est venue Francine. Leur demande était précise et émouvante : elles avaient bien été associées, dans l’église hiérarchique, à la vocation de leurs maris, par une formation large, solide, et durable, mais… seulement jusqu’à l’ordination de ces derniers. Après ? rien pour leur être de femme. Débrouillez-vous, pour continuer de nourrir votre foi personnelle, votre goût de vivre, votre respect de vous-mêmes… Ce n’est pas dit ainsi, mais la réalité est là.

D’emblée, j’ai accepté leur demande : une réunion mensuelle, de 14h00 à 16h00. Trois temps successifs :

Un temps pour parler de soi
Un temps pour contempler le Christ des Evangiles
Un temps pour partager cette prière, autour d’une verveine de ma plate-bande.

A cette rencontre, elles peuvent se dire : découragement d’être la femme d’un mari « qui a deux métiers ». Incitation forte à ne pas confiner leurs propres engagements dans l’ecclésial. Appel pour le couple à s’aimer avec un réalisme croissant. Souci à deux de l’épanouissement des enfants. Progrès dans l’estime de soi… Cette parole libre, dans un lieu libre, les a, dès le début, rendues vigilantes par rapport à la tentation de dire à tort et à travers et n’importe qui ce qu’elles vivent dans cette situation qui leur est propre.

A cette rencontre, elles ont peu à peu découvert, avec une joie, qui est devenue ma joie, le Dieu CHRETIEN : Dieu venu vivre dans l’humanité du Christ, longuement contemplé selon la grâce reçue par Ignace de Loyola. J’ai vu ces femmes changer leur regard sur l’Evangile : non plus un recueil de comportements pour devenir « bonnes chrétiennes », mais… UN VISAGE.

A cette rencontre, nous avons lassé grandir entre nous une amitié inventive, une confiance de plus en plus simple, parce que reçue, un soutien discret et sûr.

Depuis, un deuxième groupe d’épouse de diacres vient lui aussi chaque mois. Ma verveine pousse courageusement dans la plate-bande.

Depuis, je ne rate pas ces moments de vie d’Eglise jeune et sans façons que sont les ordinations diaconales dans les paroisses campagnardes, où tout le monde se connaît. Depuis, plusieurs demandes –venant d’hommes et de femmes – me sont adressées, par rapport au service de l’accompagnement personnel. Quand je ne suis pas dans les trains vers une formation de laïcs, à l’animation de retraites, c’est possible. Simplement, on établit de part et d’autres dès septembre, le rythme des rencontres de l’année.

J’aime la modestie de ces chrétiens, tellement implantés dans la réalité quotidienne : travail professionnel, famille, voisins, foi partagée comme on peut, solidarité. Ils ne font pas de bruit. Ils vivent, d’une vie reçue. J’aime entendre notre évêque dire à un homme, avec chaque fois, des mots adaptés :

Thierry, je t’envoie aujourd’hui
D’abord, à ta famille,
Puis à ta profession
Puis à la solidarité avec les plus démunis
Puis s’il reste du temps à l’autel ...

Des difficultés se lèvent. Des incompréhensions. Une lassitude… mais elle est vivante, l’Espérance, dans le cœur de tous ceux-là, et dans le mien. Parce qu’elle est Espérance DONNEE.

Marie-Claire BERTHELIN.

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